Ce matin, au marché, trois vieillards diaphanes (probablement camarades de classe de Lénine) sont réapparus, qui essayaient de vendre l'Humanité Dimanche dans le petit froid sec de l'automne.
Pas beaucoup de vente, bien évidemment, mais une admiration paradoxale pour de vieux militants du parti des grands tueurs démocrates (Mao, Staline, Caucescu et alias) dont l'avatar français disparaît inexorablement dans l'indifférence la plus totale et son journal aussi qui ne survit que des généreuses subventions du gouvernement vu qu'il n'a plus de lecteurs.
Admiration, oui, car au moins ces antiques témoins des jours meilleurs (?) ont le courage de se montrer et de défendre une cause sans espoir tuée par les vampires qui en ont vécu. Les Socialos et les Républicains, plus prudents, n'apparaissent jamais au marché car ils savent qu'ils se feraient immédiatement et méchamment huer, ce qui advint au député socialo de la circonscription il n'y a guère. Toujours réélu (personne en face) mais jamais revenu. La peur du peuple est salutaire.
Le FN est encore plus absent et, au fil des années, je n'ai jamais vu la queue d'un bleu marine. La sociologie du marché et du quartier ne doivent pas correspondre.
Faut dire que l'humeur politique du marché est très badine, le vocabulaire unanimement fleuri pour qualifier ceux qui nous gouvernent et ceux qui aspirent à nous gouverner, et la réflexion profonde sur les thèmes favoris des bistrots du coin: Comment s'en débarrasser, comment ne pas choisir entre peste et choléra, qui au concours du plus grand menteur, du plus grand voleur...
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