Les média étant souvent d’une très grande politesse envers les puissants et d’une discrétion de musette sur les affires qui les touchent, voici la liste des principaux prévenus de l'affaire des ventes d'armes illicites à l'Angola, dont le procès s'ouvre aujourd'hui à Paris (merci à l'AP)
- Pierre-Joseph Falcone, 54 ans. Cet homme d'affaires, mis en examen en décembre 2000 pour "vente illicite d'armes", "abus de biens sociaux", "fraude fiscale", "trafic d'influence actif", "blanchiment", a été placé en détention provisoire pendant de décembre 2000 à décembre 2001 avant d'être brièvement réincarcéré en octobre 2002. Depuis juin 2003, il est représentant de l'Angola auprès de l'UNESCO. Il bénéficie depuis d'une immunité diplomatique contestée par la justice française, les faits poursuivis étant antérieurs à son statut de diplomate.
Il a été condamné en décembre 2007 à un an d'emprisonnement et 300.000 euros d'amende dans une affaire de corruption. Il encourt dans cette affaire de vente d'armes jusqu'à dix ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende.
- Arcadi Gaydamak, 56 ans. Cet hommes d'affaires d'origine russe est visé par plusieurs mandats d'arrêts internationaux délivrés par le juge Philippe Courroye. Ils ont valeur de mise en examen pour "vente illicite d'armes", "abus de biens sociaux", "fraude fiscale", "trafic d'influence actif", "blanchiment". Réfugié en Israël, Arcada Gaydamak est propriétaire du club de football du Beitar de Jérusalem. Il brigue la mairie de la Ville sainte. Il encourt dix ans de prison et 375.000 euros d'amende.
- Charles Pasqua, 81 ans. L'ancien ministre de l'Intérieur, actuel sénateur des Hauts-de-Seine, est notamment poursuivi pour "trafic d'influence passif" et "recel d'abus de biens sociaux". Il risque jusqu'à dix ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende. M. Pasqua a été condamné le 12 mars à 18 mois avec sursis pour le financement illégal de sa campagne aux élections européennes de 1999. Il est également poursuivi dans différents dossiers instruit par la Cour de justice de la République.
- Jean-Charles Marchiani, 65 ans. Préfet hors cadre, il est poursuivi pour "recel du produit du commerce illicite d'armes", "trafic d'influence passif", "recel d'abus de biens sociaux". Il est actuellement incarcéré depuis le 26 mai pour deux condamnations à trois et un an de prison pour corruption, avant que la cour d'appel ne confonde les deux peines. Il a déposé un recours en grâce auprès du président de la République. Pour l'Angolagate, il risque 10 ans de prison et 375.000 euros d'amende.
- Jean-Christophe Mitterrand, 61 ans. Le fils aîné de l'ancien président de la République est considéré comme l'interface entre Pierre-Joseph Falcone et le régime angolais. Il est mis en examen pour "complicité de commerce illicite d'armes" et "recel d'abus de biens sociaux". Il a été incarcéré dans cette affaire du 21 décembre 2000 au 11 janvier 2001. Il avait qualifié le juge Courroye de "juge qui sue la haine" dans un entretien et sa mère Danielle avait parlé de "rançon" à propos du paiement de la caution de son fils. Il risque jusqu'à dix ans de prison et 375.000 euros d'amende.
- Jean-Bernard Curial, 69 ans. Cet ancien militant du Parti socialiste est, avec Jean-Christophe Mitterrand, l'interface entre les négociants en armes et le gouvernement angolais. Il est poursuivi pour "complicité de commerce illicite d'armes", "recel d'abus de biens sociaux" et "recel d'abus de confiance". Il risque cinq ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende.
- Jacques Attali, 64 ans. Cet ancien conseiller de François Mitterrand, écrivain, est poursuivi pour "trafic d'influence passif" et "recel d'abus de biens sociaux". La justice lui reproche d'être intervenu auprès d'Hubert Védrine, alors ministre des Affaires étrangères, pour infléchir une décision de redressement fiscal contre la société par laquelle Falcone et Gaydamak ont vendu des armes en Angola. M. Attali a été président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).
- Paul-Loup Sulitzer, 62 ans. Cet écrivain à succès, qui se dit aujourd'hui "consultant international", est poursuvi pour "recel d'abus de biens social". Dans son dernier livre, "Le Roi rouge" (Ed. Le Rocher), il romance l'affaire de l'Angolagate dans laquelle il est soupçonné d'avoir touché plus de 2 millions de FF pour des prestations de conseils supposées fictives. Il encourt cinq ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende.
- Georges Fennech, 53 ans. Ce magistrat, dont la réélection comme député UMP a été invalidée en 2008, vient d'être nommé à la tête de la MIVILUDES, la mission interministérielle sur les mouvements sectaires. L'Association professionnelle des magistrats (APM), ancrée à droite, dont il a été président, a perçu 100.000FF en octobre 1997 d'une société de Pierre-Joseph Falcone. Quelques mois auparavant, un substitut du parquet de Paris, membre de l'APM, a classé sans suite les signalements Tracfin concernant M. Gaydamak. La justice n'a jamais pu démontrer le lien entre ce classement et le versement de 100.000FF à l'APM. M. Fennech est renvoyé pour "recel d'abus de biens sociaux". Sous sa présidence, l'APM a également bénéficié des largesses de l'Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM), à hauteur de 50.000FF par an. Il est l'auteur de "Tolérance zéro", un ouvrage prônant la fermeté vis-à-vis de la délinquance et la criminalité. Il risque cinq ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende (AP)
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