Hollande premier secrétaire du PS sur Cuba le 27 février 2003 : Salut Raul, comment ça va chez toi ?
"Il faut pourtant se rendre à l'évidence. La belle révolution de 1959 contre la dictature de Batista, celle qui avait fait lever tant d'espérance au-delà même de l'Amérique latine, celle qui avait inspiré tant de rêve et de générosité partout dans le monde, s'est transformée en cauchemar politique : pouvoir personnel, voire familial, refus d'élections libres, censure, répression policière, enfermement des dissidents, camps de travail, peine de mort, bref, l'arsenal complet d'une dictature.
Certes, nous n'ignorons rien de la responsabilité américaine, avec la prolongation d'un embargo qui asphyxie un peuple et sert de prétexte à ses dirigeants pour refuser toute ouverture politique. Nous savons combien les tentatives de déstabilisation politique ont pu, dans un passé plus ou moins lointain, donner argument au régime pour consolider coûte que coûte son pouvoir et créer un climat d'état de siège. Mais la démocratie ne peut en être le prix. Et le silence des amis de Cuba serait une forme de complicité à l'égard d'un système que nous dénoncerions partout ailleurs. Aussi faut-il, de la même manière et avec la même force, demander la levée de l'embargo américain et la tenue de véritables élections libres à Cuba.
Au nom même des idéaux de la gauche et au nom de notre attachement comme de notre solidarité à l'égard de la révolution cubaine, nous devons exiger la libération de tous les prisonniers politiques et l'abolition de la censure.
C'est pourquoi je veux manifester mon soutien, avec d'autres socialistes qui en ont pris l'initiative, à tous ceux qui, de l'intérieur ou en exil, luttent pacifiquement et à visage découvert pour les libertés fondamentales à Cuba. Je pense en particulier au dissident social-démocrate Vladimiro Roca, qui vient de passer quatre années en prison pour avoir publié un texte demandant un peu d'ouverture au Parti communiste cubain. Je pense aussi, bien sûr, à Oswaldo Paya, instigateur courageux d'un projet de référendum sur l'avenir des institutions cubaines.
La contestation de la mondialisation libérale, la dénonciation de l'impérialisme, la solidarité à l'égard des peuples opprimés par un ordre injuste sont inséparables de la lutte pour les droits de l'homme.
Le rôle des progressistes, partout, c'est de faire avancer la démocratie et de ne jamais en excuser la 'suspension' au nom d'intérêts supérieurs, de conditions historiques ou d'étapes de développement. Cet argument a fait tant de tort au communisme.
Et il a servi d'alibi à tant de glissements, de dérives, d'abandons que nous ne pouvons l'admettre à Cuba.
Nous souhaitons, de tout notre coeur, une évolution. Nous appelons ceux qui peuvent avoir encore une influence à l'exercer. Nous voulons agir en amis car nous n'oublions rien de ce qu'a incarné Cuba dans notre histoire récente et dans l'engagement d'une génération : la dignité d'un peuple, la fierté de la résistance, l'émancipation par rapport au puissant voisin.
Rien ne peut excuser les dérives du régime castriste. Ni la figure emblématique de Fidel Castro, ni la persistance scandaleuse de la pression américaine, ni le symbole de la lutte pour la libération nationale.
Il faut donc soutenir le peuple cubain jusqu'au bout et dire la vérité sur l'inhumanité de l'embargo comme sur le régime de Cuba. Les deux sont injustifiables."