J'ai abandonné l'idée de savoir combien de prétendants s'alignent pour les différentes primaires et combien de candidatures individuelles et naturellement désintéressées viennent compléter le tableau. A vue de nez et à la louche on ne doit pas être loin des trois ou quatre douzaines avec une juste et représentative proportion de nullards patentés, de repris de justice et de psychopathes.
J'ai aussi abandonné l'idée de lire quoi que ce soit qui ressemble à un programme puisqu'il s'agit de vaines promesses ou de gros mensonges (souvent les deux) tous unanimement orientés vers les lendemains qui chantent et où l'on rase gratis, avec moins d'impôts , plus de travail et de sécurité.
Car aucun des routiers usés qui aspirent à se présenter à nos suffrages ne présente la moindre solution pour soulager les véroles politiques qui nous mangent et les cancers bureaucratiques qui nous rongent, sans parler des nuages de sauterelles élues qui nous tondent.
En revanche, je n'ai pas abandonné la lecture de Proudhon...
Être gouverné, c'est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n'ont ni le titre, ni la science, ni la vertu... Être gouverné, c'est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C'est, sous prétexte d'utilité publique, et au nom de l'intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé ; puis, à la moindre résistance, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré. Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale ! Et dire qu'il y a parmi nous des démocrates qui prétendent que le gouvernement a du bon ; des socialistes qui soutiennent, au nom de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité, cette ignominie ; des prolétaires, qui posent leur candidature à la présidence de la république ! Hypocrisie ! »
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