dimanche, février 01, 2009

En attendant la Parole du Prince

Ce qu’il y a d’extraordinaire dans le style de gouvernement à la française [que nous partageons avec quelques nations éclairées de la planète] c’est que rien n’est jamais expliqué raisonnablement, pédagogiquement, hors du cercle sacré des « décideurs » qui par définition comprennent tout si vite et si bien.

Lorsque sous l’aiguillon de la nécessité ou de la crise, le discours devient absolument nécessaire, simplement pour dire que le gouvernement existe et qu’il travaille à l’intérêt de la nation (enfin ???), alors un régiment d’éminences, énarques et plumes peaufinent LE discours, pendant des jours, naviguant entre les myriades de caveat, les innombrables écueils de la prudence et les euphémismes recuits de l’énarchie.

En attendant le thaumaturge, les pompiers gouvernementaux patrouillent les médias, mais sont loin d’expliquer ce qu'on attend d'eux, ce qu’est la crise, pourquoi elle va durer longtemps, en quoi le « consommer et gagner plus » des syndicats est une berlue, et comment il faut se serrer les coudes et se sacrifier (un peu mais autrement et tous) pour les plus démunis.

Au contraire, les pompiers sont des pyromanes qui rajoutent généreusement à l’angoisse générale car l’auditeur voit mal comment de tels comiques peuvent contribuer le moins du monde au retour de la prospérité générale (la leur étant assurée)

Leurs finesses de langage et leur manque éclatant de sincérité évoquent irrémédiablement la couverture des gros mensonges. Leur manque de courage souligne immanquablement que l’intérêt de la nation pèse peu au regard de leurs intérêts propres.

Pendant ce temps les parlementaires, supposés être les dépositaires de la souveraineté populaire, sont largement absents des hémicycles et des débats, et font semblant de légiférer (à distance) sur des sujets si loin des réalités qu’on en est tout quinaud.

Jeudi, à l’heure où le pavé résonnait sous les pas martiaux de l’opposition toute ébaudie d’être requinquée à si peu de frais, l’assemblée nationale, avec beaucoup d’à propos, se prononçait sur l’accord France-Kenya sur l’encouragement et la protection réciproques des investissements !

Si natura negat, facit indignatio versum

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