Quand j’étais enfant je fréquentais le monument aux morts du bourg. Forcément, mes grand-pères avaient été de la fête, l’un d’entre eux y était resté, mon père, ancien combattant et cinq ans prisonnier, était le directeur de l’école du lieu.
C’est lui qui me signala, l’âge venu, que les plus empressés à la commémoration des « victoires » étaient les profiteurs/collaborateurs/acteurs du marché noir qui venaient se blanchir à bon compte autour du maire de Pétain réélu sans coup férir et des vieux à l’œil mouillé de 14/18, embués dans leurs terrifiants souvenirs.
Les anciens combattants ont déserté les monuments terrestres, les enfants des écoles ne font plus la figuration obligatoire et le public part en ouiquende. Du coup, les commémorations sont l’otage des militaires qui n’ont plus guère l’occasion de bomber le torse copieusement médaillé et surtout des éternels politicards du coin pour qui c’est un service obligé et l’occase de serrer quelques paluches bien votantes d’un air pénétré.
Moins il y a de monde au monument aux morts, plus les politiques et le parlement insistent sur les devoirs de mémoire et l’exercice pédagogique censé en faciliter l’exécution obligatoire, à destination de groupes ciblés dont la reconnaissance est escomptée. Ils ont confisqué, sacralisé, ritualisé les rites mémoriels à leur unique profit car derrière les monuments ils ne célèbrent pas la mémoire des erreurs tragiques mais leur propre rôle et importance puisqu’à eux sont "confiés" les rituels les plus républicains
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