Edito d'Alain Hertoghe : "La France reconnaissante..."
Pour engueuler la Commission de Bruxelles pendant une campagne électorale, vous pouvez faire confiance à Jacques Chirac. Mais pour la féliciter aujourd'hui d'avoir bien défendu les intérêts européens en général, et français tout particulièrement, il n'y a plus personne ! Vous souvenez-vous que nous étions, il y a quelques semaines, au bord de la guerre commerciale avec la Chine pour cause de croissance excessive de ses exportations de textiles vers l'Europe ? Cela faisait pourtant dix ans que l'industrie européenne savait que les quotas à l'importation disparaîtraient… Chirac allait-il dénoncer au passage l'imprévoyance des industriels français ? Bien sûr que non. L'heure était à la démagogie tous azimuts. Agitant son sabre de bois, le président français prenait la tête de la coalition de pays qui exigeait de la Commission européenne des représailles immédiates contre l'Empire du Milieu. Au risque de mettre en péril les exportations européennes, d'Airbus par exemple, vers la Chine. George W. Bush, qui avait réimposé des quotas à l'importation des textiles chinois, était même cité en exemple. Et Peter Mandelson, commissaire européen au commerce, était la nouvelle tête de Turc des Français, qu'ils soient partisans du "oui" ou du "non". Mais quand, après de rudes négociations, le même Mandelson obtient des Chinois qu'ils limitent entre 8% et 12% leurs exportations jusqu'à la fin 2007, vous croyez qu'il mérite des félicitations un peu solennelles de Chirac ? Evidemment non. Et, après, on se demandera pourquoi les Français ont une mauvaise image de l'Union européenne…
Alain Hertoghe
(Excellent éditorialiste de Yahoo! France qu'on recommenderait volontiers à nombre de quotidiens en papier emberlificotés dans la litote respectueuse et le non dit pour initiés)
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