Lorsque le premier supermarché s’installa dans les années 60 aux abords de leur village, mes parents y virent l’avancée majestueuse du progrès dans la campagne poitevine qui en avait un sacré besoin, c’est vrai.
Finis l’épicerie cradingue, les produits plus ou moins frais, les prix exorbitants, la morgue des commerçants, bienvenue les chiottes immaculées, l’abondance des produits, les prix affichés, les caissières polies, la climatisation et le beurre frais.
Un demi-siècle après, les hypers marchés, églises de la modernité, ont couvert le territoire, 800 établissements pour les seules trois premières enseignes (Leclerc, Carrefour et Auchan) avec 5 millions de mètres carrés de magasins…
Non contents de couvrir le territoire, ils l’ont largement enlaidi avec leurs architectures de pacotille offensante, admirablement sali et pollué dans toutes les banlieues des villes, et radicalement vérolé de leur urbanisme commercial (HLM et Leclerc sont les deux mamelles de la République)
Ainsi, suprême habileté en si peu de temps, un service commercial au public est devenu un monstre haïssable qui squeeze l’acheteur, exploite le personnel, tue la diversité, affame les petits producteurs et enrichit les usines chinoises. Un vrai tour de force.
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