Certains d’entre vous s’en souviennent.
A la fin de 1979, pour lui permettre de s’installer, je lançais une collecte (fort réussie, merci, grâce à vous tous) en faveur de Denise Affonço, mon ancienne secrétaire à l’ambassade de France à Phnom Penh, rapatriée en France et dénuée de tout après une déportation de quatre ans dans les camps de travail des khmers rouges.
Elle a beaucoup hésité mais s’est finalement résolue à écrire son témoignage qui vient de paraître aux Presses de la Renaissance sous le titre La Digue des Veuves (ISBN 2-7509-0049-2)
Elle décrit au jour le jour son calvaire personnel et la marche de la révolution marxiste-léniniste la plus radicale et expéditive que le monde ait expérimentée et dont, incidemment, une bonne partie des chefs avaient fait leurs études en France.
Bouleversant et salutaire.
In Memoriam aussi car n’oublions pas l’ambiance pro khmers rouges de la presse française bien pensante de l’époque ; Jacques Ducournoy n’écrivait-il pas dans « le grand quotidien de référence » (Le Monde) le 16 avril 1975 :
"Une société nouvelle sera créée; elle sera débarrassée de toutes les tares qui empêchent un rapide épanouissement : suppression des moeurs dépravantes, de la corruption, des trafics de toutes sortes, des contrebandes, des moyens d'exploitation inhumaine du peuple"(...) Le Cambodge sera démocratique, toutes les libertés seront respectées, le bouddhisme restera religion d'Etat, l'économie sera indépendante, l'usage de la langue nationale sera généralisé dans les services publics"
Il en remettait une couche le 18 juillet 1975 :
"Ce peuple est à l'ouvrage jour et nuit, si l'on en croit Radio-Phnom-Penh - qu'il n'y a aucune raison de ne pas croire en ce domaine - tout le monde vit de la même façon, transporte, pioche, reconstruit, repique, ensemence, récolte, irrigue, depuis les enfants jusqu'aux vieillards. L'allégresse révolutionnaire a, parait-il, transformé le paysage humain (...) Une société nouvelle est assurément en gestation dans le royaume révolutionnaire"...
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